Plus-values immobilières : que faire face aux nouvelles règles fiscales ?
Les propriétaires ont de quoi faire
grise mine.
La réforme des plus-values
immobilières a, en effet, été définitivement adoptée par le Parlement la
semaine dernière et a de quoi inquiéter ceux qui détiennent des biens
immobiliers autres que leur résidence principale.
Cette dernière conserve en effet son
régime de faveur, c’est-à-dire une exonération totale de taxation de la
plus-value réalisée à l’occasion de sa cession. Il n’en va pas de même des
autres biens.
Le nouveau régime, qui sera
applicable à compter du 1er février 2012, est beaucoup plus lourd que celui actuellement en vigueur.
Un seul exemple : Aujourd’hui, si vous vendez un bien immobilier détenu depuis quinze ans, vous être exonérés mais, demain, vous serez taxés sur...
80 % de votre plus-value !
Et, pour obtenir un abattement supérieur
à 50 %, il faudra attendre la 24e année de détention avant de vendre.
Quelles
solutions envisager pour y échapper ?
Voici quelques pistes.
Vous détenez votre bien depuis moins
de cinq ans
Si vous
le détenez depuis moins de cinq ans, la taxation porte, dans les deux cas, sur
l’intégralité de votre plus-value
A cette différence près que les
prélèvements sociaux vont augmenter à compter du 1er octobre, faisant passer
le taux global d’imposition de 31,3 % actuellement à 32,5 % à partir de cette
date.
Mais ce n’est pas tout.
L’abattement
systématique de 1.000 euros applicable quelle que soit l’année de vente dans
l’ancien dispositif «est supprimé
à compter de l’entrée en vigueur de la loi, c’est-à-dire dans les tout
prochains jours», précise Philippe Van Steenlandt, directeur du
centre d’études et de recherche du groupe notarial Monassier.
Cela prive les propriétaires de moins de cinq ans du seul avantage fiscal qui leur était jusqu’alors accordé.
Et,
a priori, il va être difficile de faire le nécessaire avant l’entrée en vigueur
de la loi et tout au moins le 1er octobre.
Vous
détenez votre bien depuis moins de quinze ans.
La première piste à explorer pour
adoucir la note, si vous aviez l’intention de vendre, est de faire le
nécessaire avant le 1er février
2012.
Pour bénéficier de l’ancien
dispositif -mais de toute façon sans l’abattement de 1.000 euros et avec le
taux majoré de prélèvements sociaux-, l’acte authentique de vente doit être
signé avant cette date.
«A Paris,
on peut espérer vendre rapidement, mais pour les résidences secondaires en
province, le délai est souvent de plusieurs mois», explique Hubert Bresson, avocat
associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre.
Du coup, il faut mettre votre bien
en vente au plus vite pour espérer conclure l’affaire à temps.
Attention, cependant s’il s’agit
d’immobilier locatif.
Les opérations réalisées dans le neuf comportent généralement une obligation de mise en location minimale du bien (neuf ans dans le dispositif Scellier libre par exemple).
Si vous vendez
avant et rompez donc cet engagement, «vous perdez l’intégralité
des avantages fiscaux imputés, à savoir ceux de l’année en cours, mais aussi
ceux des années précédentes», explique Olivier Trit,
secrétaire général de Cerenicimo, une plate-forme de sélection de programmes
immobiliers.
Des vérifications s’imposent donc,
avant toute mise en vente hâtive.
Autre piste, mais beaucoup plus
délicate à mettre en oeuvre: transformer
votre résidence secondaire en résidence principale.
Mais le fisc veille !
«Il faut vraiment justifier de l’occupation du logement en
tant que tel et disposer de justificatifs (avis d’imposition sur le revenu à
l’adresse, attestation de Sécurité sociale, factures de chauffage...), indique Cédric Kasztelan, ingénieur patrimonial
chez Quilvest Family Office, l’administration fiscale peut aller
jusqu’à vérifier les consommations électriques ou de chauffage pour vérifier
que le logement est bien utilisé à titre principal»...
Vous
détenez votre bien depuis plus de quinze ans et moins de trente ans
Dans cette hypothèse, tout dépend du
montant de votre plus-value.
Si elle est importante et que vous
aviez l’intention de vendre, autant le faire au plus vite.
Vous empocherez ainsi l’intégralité
de votre plus-value, alors qu’il faudra attendre l’expiration du délai de
trente ans pour qu’il en soit de même dans le nouveau dispositif.
«Mieux vaudra parfois faire un sacrifice sur le prix pour éviter de payer un impôt sur la plus-value trop lourd. A vous de faire vos calculs», dit Hubert Bresson.
«Si la plus-value est réduite à la portion congrue parce que
le bien s’est faiblement valorisé, on peut vendre sans trop de regret, la
taxation sera minime», suggère Cédric Kasztelan.
Attention, inutile de jouer au plus
fin en apportant votre bien immobilier à une SCI (société civile immobilière)
-la plus-value est alors taxée au moment de l’apport.
Vous pensez peut-être pouvoir
profiter de l’ancien régime fiscal en réalisant cette opération avant le 1er février 2012 ?
Eh bien, non. Le gouvernement a, en
effet, pris les devants avec des mesures anti-abus :
«Les
apports en SCI réalisés à compter du 25 août 2011 sont d’ores et déjà soumis au
nouveau régime d’imposition», fait valoir Hubert Bresson.
L’opération n’a donc plus aucun intérêt
sur le plan fiscal.
«Méfiez-vous
également des montages qui consisteraient à vendre votre bien à une SCI avant
le 1erfévrier 2012 (pour profiter de l’exonération de la plus-value
au bout de quinze ans), plutôt que de réaliser un apport, désormais taxable.
L’opération doit avoir un intérêt autre que strictement fiscal, sinon, c’est la
requalification assurée», précise Jean-Louis Le Boulc’h, avocat fiscaliste au sein
du cabinet Agik’a.
Dans ce contexte, les professionnels
de l’immobilier craignent que les vieilles pratiques des dessous-de-table ne
refassent surface.
Vous
détenez votre bien depuis plus de trente ans
Dans ce cas, c’est simple :
quel que soit le régime -actuel ou
futur-pas de souci: vous êtes entièrement exonéré de plus-value et pouvez
vendre ou conserver votre bien à votre guise. Mais cela peut aussi être
l’occasion de penser à la transmission de votre patrimoine. Par exemple en
envisageant une donation à vos enfants.
Source : MIREILLE WEINBERG ET COLETTE SABARLY